Brasília

La capitale organisée.

De la forme de la ville au respect des passages piétons (on avait complètement perdu l’habitude), en passant par les repas au poids, les tourniquets dans les bus, la structure des intérieurs privés, la circulation sans croisement, jusqu’à l’agencement du cimetière.

Et les taxis, qu’on prend comme une gourmandise : voiture loin d’être pourrie, ceintures de sécurité, prix qui s’affiche, et chauffeur acceptant de vous emmener partout.

Construite sur ces terres presque désertes, pour montrer la volonté de l’État de développer toutes les zones du pays, Brasília a nécessité défrichage et création d’un immense lac artificiel, au bord duquel sont magnifiquement installés président et vice-président.

En 4 ans (1956 à 1960), cette ville sans pareil s’est incrustée dans la vie politique du pays, captant encore aujourd’hui les fonctionnaires pour leurs 5 premières années de métier, avant qu’ils aient l’autorisation de retourner à leurs plages chéries. Il a même fallu menacer plusieurs pays de rupture diplomatique pour convaincre les diplomates amoureux de Rio de déménager leurs ambassades.
Longtemps la ville est restée synonyme de punition, mais les nouvelles générations, qui ont grandi dans ces irréels espaces ne les échangeraient avec la pollution et le bruit des grandes villes côtières pour rien au monde, pas même les bikinis.
On se réveille avec le chant des oiseaux.

La ville s’articule autour d’un titanesque axe central alignant les institutions, d’où partent deux ailes d’avion regroupant les habitants en quartiers carrés, bien orchestrés le long des rues obèses. À l’intersection de 4 superquadras, une église, une école, une salle de sport et une rue commerçante. Seuls les équipements culturels n’ont pas été investis comme l’auraient souhaité les créateurs.
Les espaces verts font oublier les immeubles rectangulaires, d’autant que ces habitations sont perchées sur pilotis, pour ouvrir le regard du marcheur vers d’autres horizons.

Les monuments, comme les quartiers, sont bien pensés. Chaque détail a son importance. Lumière, symboles, confort et partage.

Certains versent une petite larme devant l’Alhambra ou Abou simbel ; pour d’autres l’attente chatouillante prend fin devant les prouesses de Niemeyer, Costa et Burle-Marx.