bichos

Ça y est ils nous envahissent !

En juillet et août, il y a des gens qui partent. Alina ne vient plus à la maison, apprendre à parler Français pour pouvoir dire du bien de moi. Étienne nous a laissé ses plantes ; MON jardin est luxuriant et il faut se faufiler pour arriver à notre porte d’entrée.
Et puis, il y a des gens qui arrivent. Nous avons donné des plantes à Julie. Elle m’aime autant qu’Etienne. Et nous avons maintenant deux amis qui s’appellent Arnaud. Le premier venait déjà régulièrement armé. D’une trompette. Le second est équipé d’un redoutable Pierre. Il s’agit d’une forme particulière d’humain, qui se déplace à deux pattes mais ne dialogue pas. Ouf, il a un peu peur de moi.
Et puis il y a les encore plus nouveaux, ceux qu’ils fabriquent à la clinique juste à côté de chez nous. Emma et César. Les amis de Lison et Kevin avaient choisi le Pack Médecins allemands + Pâtisserie française…. Quand le bébé est prêt à être livré, Kevin se met aux fourneaux. Mais l’altitude n’aidant pas les mamans à récupérer, l’artiste a mangé lui-même ses œuvres. Une grosse déception puisque pendant la grossesse, en revanche, les habitantes de notre joli pays peuvent manger tout ce qu’elles veulent !

Le troisième micro sapiens ne me terrorisera pas de sitôt : les finitions seront faites à Bruxelles, pas pour obtenir un quelconque label européen, mais parce que tout le monde n’a pas assez confiance en notre médecine, encore moins les Boliviennes que les Françaises.
On vous ouvre pour un oui ou pour un non. D’ailleurs, tous les bébés naissent par césarienne. On vous diagnostique des maladies que vous n’avez pas ou on vous découvre 6 mois après la radio en la regardant par hasard pendant une consultation que : « ah ben si tiens, vous aviez un gros truc là »…. Même moi j’en ai fait les frais. On ne me redonnera jamais de médocs du cru.
Et pendant les 5 premiers mois de préparation de la commande (et les 1000 échographies donc ; ici on aime bien les photos floues en noir et blanc), Emma était un garçon.

Les Paceños adorent leurs reje(cha)tons. Les mamans, et même quelques papas, prennent leur pause du travail à l’heure de la récré, pour aller regarder leurs bambins jouer dans la cour…. Et quand nos amis laissent leurs mômes à la crèche les après-midis où ils ne travaillent pas, ils risquent donc l’infarctus d’institutrice (on les appelle comme ça, peut-être parce qu’il y a des évaluations et des notes dès tout petit). On ne dispute pas son enfant non plus. Jamais. Et quand les Français le font, même dans un aéroport, le monde entier s’arrête de tourner pour les regarder comme des …. Français.
On permet quand même à nos compatriotes de se débarrasser un peu de leurs lardons, au restaurant. Souvent, il y a un terrain de jeu grand comme la salle, qui permet aux humains qui ont des dents définitives de mordre dans leur steak sans qu’on leur crie dans les oreilles. Mais il faut toujours donner autant aux gosses qu’aux adultes, alors on leur a créé des restaurants dans lesquels au contraire ils peuvent hurler, courir, se jeter dans de géantes piscines à balles, et manger des tonnes de sucreries fluos bien sûr.
Et quand ils grandissent, on cherche à garder ces chérubins à la maison le plus tard possible …. même si on en a un peu marre d’eux. On commence par dire qu’on ne veut jamais qu’ils trouvent un amoureux ou une amoureuse, qu’on veut les avoir pour toujours près de soi, et puis la réflexion évoluant en même temps que la discussion, on finit par avouer qu’on aimerait s’en débarrasser. Sauf dans les familles traditionnelles, pas encore rares, dans lesquelles les filles ne peuvent pas quitter la maison avant d’être mariées. Passé 30 ans, on peut donc encore faire le mur à La Paz.

Alors pour se donner du courage pour plusieurs décennies, juste avant la naissance, on fait des baby showers. Pas d’alcool, plein de gâteaux bien artificiels pour être aussi roses ou bleus que les cadeaux. Les efforts des invités pour supporter ces après-midis glycémicocatholiques sont peut-être un moyen de partager un peu de la bravoure des futures mamans. Même Lison, qui d’habitude ne fait preuve de sensiblerie qu’en me regardant dormir, a joué le jeu.

Pour entendre quotidiennement des tas de trucs balancés au-dessus de mes oreilles et des cris poussés la nuit presque aussi souvent que je me réveille, je peux vous dire que ces petites bestioles font des bruits à peu près aussi agréables que ceux qui nous tirent du sommeil une fois par semaine seulement : les 9 coups de klaxon du vendeur de bouteilles de gaz, le carillon du marchand d’œufs ou la cloche aigüe du camion-poubelle.
Mais elles doivent avoir des bons côtés bien cachés : leurs maîtres semblent en être complètement chochos.

Personnellement, je préfère les plantes, et je ne m’en cache pas….

bichos = petites bêtes (insectes, araignées, vers de terre, etc.)
chocho = gaga