faux imaginaires en vrai danger

ARMADILLO GIGANTE
Le Tatou géant (Priodontes maximus), aussi appelé Pejiche, ou Cabassou en Guyane, est un animal d’environ 30 kg et 1,50 m de long (dont un tiers de queue).
Malgré ces dimensions hors-norme, beaucoup d’habitants de l’est de l’Amérique du sud, où il vit, pensent qu’il s’agit d’un animal mythologique. Il est vrai qu’il est nocturne et qu’il commence seulement à être l’objet d’études scientifiques. Plusieurs équipes travaillent à améliorer la connaissance de cette espèce, reconnue comme "vulnérable" par l’Union internationale pour la conservation de la nature. La chasse et le commerce illégal, ainsi que la lenteur de sa reproduction, auraient entrainé une diminution de la population de 30 % en 25 ans. Mais le plus grand danger pour ces géants vient de l’ignorance de leur existence réelle. Les peuples qui ne chassent pas le Cabassou ne s’y intéressent pas du tout, et participent à sa disparition par destruction de son habitat, notamment au Brésil par déforestation.

Pourtant, les Pejiches sont très utiles à tout un ensemble d’espèces, qui profitent des profonds terriers qu’ils creusent. Grâce à leurs griffes de vélociraptors (17 cm !), ils font des trous de 5 mètres de profondeur tous les deux jours, les abandonnant donc rapidement. Et la chaleur stable autour de 24°C rend ces habitats très confortables. Les coatis, les ocelots, les renards crabier, différents lézards et tortues, les martres à tête grise, les pécaris, les tamanoirs, les tapirs, différents oiseaux et rongeurs, les fourmiliers à collier, etc. Tous ces animaux utilisent les grands terriers pour dormir ou se nourrir, de même que les autres espèces de tatou et deux canidés très rares (et aux noms rigolos) : le renard à petites oreilles et le chien des buissons.
Même les pumas profitent des tas de sable sorti des trous pour se prélasser au soleil.
Le réchauffement climatique devrait rendre ces habitats encore plus utiles. Mais ils présentent aussi un gros inconvénient : chauds et humides, ils sont propices au développement de maladies, et les propagent parmi toutes les bêtes qui s’y abritent.

Le tatou géant est insectivore ; sa langue sécrète une substance visqueuse qui attire ses proies.
Il vit 12 à 15 ans, quand il ne croise pas la route de son seul prédateur, l’homme, qui le chasse pour utiliser sa cuirasse pour l’artisanat et sa chair comme aliment. Il survit très difficilement en captivité.

Le Pejiche est la star des billets de 5 Bolivars vénézuélien.

En France, l’association Beauval Nature soutient financièrement un programme de conservation de l’espèce dans la région du Pantanal, au Brésil.

JUKUMARI
L’ours andin mesure entre 1,30 m et 1,90 m et pèse entre 70 kg et 170 kg. Vivant dans la Cordillère des andes, il est l’unique représentant de la famille des ursidés en Amérique du sud. Surnommé « ours à lunettes » à cause de son masque plus clair autour des yeux, il peut vivre plus de 25 ans, à grimper dans les arbres pour se nourrir de leurs fruits. Il mange aussi des herbes, de petits mammifères, et de la canne à sucre ou du maïs quand il en trouve. Il vit principalement le jour et n’hiberne pas.

C’est le plus rare et le plus menacé des ours du monde. La déforestation reste encore une fois le principal problème. Mais les lubies des hommes rendent aussi la vie de ces nounours bien compliquée. Chassés pour leur chair, leur graisse, leur fourrure et leur bile, ils ne seraient plus que 2000 environ. Malgré les avancées de la médecine, les vésicules biliaires d’ours restent utilisées pour soigner des inflammations et douleurs. Elles servent aussi désormais à la fabrication de produits de beauté, de soupes aphrodisiaques ou de remèdes contre les effets de l’alcool. Et bien qu’ils fassent partie des espèces en voie de disparition, protégés par des lois et décrets internationaux, les élevages de Jukumaris sont encore nombreux. Le prélèvement de bile commence dès que l’ourson atteint un an, et les conditions de vie dans ces fermes sont tout simplement horribles.

Les Jukumaris sont aussi victimes de leur image. Régulièrement, on en tue a priori, pour ne pas qu’ils s’attaquent aux enfants …. qui n’appartiennent pourtant à aucune catégorie de baies ou de rongeurs.
Dernièrement, le sort d’Ajayu a ému une partie de la Bolivie. Arrivé au parc zoologique de La Paz après avoir été battu dans la campagne de Cochabamba et laissé pour mort (il ne pesait plus que 25 kilos), il est toujours dans un état très inquiétant. Son tort : si on l’avait laissé rôder dans le coin, il aurait fait peur aux enfants.