bientôt sans eau

« [...] Le réchauffement climatique fait des ravages en Amérique latine. La Bolivie est l’un des pays les plus touchés. La fonte de ses glaciers et la sécheresse vont couper l’eau à des millions d’habitants dans peu de temps. Qu’en pensent les scientifiques ? Que font les autorités ? [...]

La fonte des glaciers, les hausses de températures, la sécheresse, les inondations massives, le manque d’eau dans les grandes villes, l’augmentation du niveau des mers. Le pire, c’est que ces pronostics deviendront réalité dans quelques années seulement.

La mort des glaciers
À vue d’œil, l’une des conséquences les plus concrètes du réchauffement climatique est l’accélération de la fonte des glaciers. Là où l’on trouvait auparavant des neiges éternelles et des pistes de ski, il ne reste aujourd’hui que les montagnes de plus en plus nues et des lieux touristiques laissés à l’abandon.

L’Amérique latine n’est pas une exception : les scientifiques alertent depuis longtemps sur la disparition future des glaciers, et le manque d’eau comme conséquence directe. Malheureusement ces projections négatives ont été encore dépassées de beaucoup par la réalité. [...] Les glaciers subtropicaux boliviens, péruviens et équatoriens en sont un exemple évident.

La Bolivie est l’un des pays qui subissent le plus ce phénomène. Pour les scientifiques boliviens, le manque d’eau est déjà un sujet urgent. Il y a quelques années, ce qu’on a appelé "la guerre de l’eau" a entrainé la mort de plusieurs Boliviens, qui réclamaient l’accès à l’eau alors aux mains d’entreprises privées, mais maintenant la grande crainte de villes comme La Paz est que l’eau disparaisse. Les températures élevées ne provoquent pas seulement la fonte des glaciers mais aussi l’assèchement des barrages, déjà atteints par le manque de pluies et l’évaporation de l’eau. [...]

Les pluies apportent un peu de soulagement dans les villes [de La Paz et El Alto], bien que le niveau de précipitations et d’eau accumulée soit très loin des niveaux nécessaires pour tranquilliser les scientifiques et les hommes politiques.

Fanor Nava, Maire de El Alto, la plus grande ville bolivienne qui concentre 10% de la population du pays, conscient du problème, assure que le manque d’eau est une bombe à retardement sur le point d’éclater. Il a obligé ses administrés à abandonner la tradition des batailles d’eau durant le carnaval.

Sur certains marchés de El Alto, les citernes sont fermées avec un cadenas pour éviter le gaspillage. La clef est détenue par les autorités du marché, qui ouvrent seulement quand quelqu’un les sollicite.

Les niveaux des barrages qui approvisionnent en eau La Paz semblent inquiétants, alors que les montagnes qui entourent la ville avec leurs pics enneigés voient leurs glaciers reculer. [...]

De mauvais pronostics
Aucun expert ne pensait que le glacier du mont Chacaltaya allait disparaître en 2009 : la réalité a amplement dépassé leurs pronostics. Au pied de ce qui a été autrefois le "glacier Chacaltaya", à 5300 mètres d’altitude, là où se trouvait la plus haute piste de ski du monde, on voit un centre touristique à l’abandon, et on a du mal à croire aux nombreuses photos qui montrent en noir et blanc une gigantesque masse blanche couvrant les pentes il y a seulement quelques années.

Chacaltaya est sûrement l’exemple le plus visible de ce processus mais il en est de même pour les autres glaciers de la zone, comme le Tuni Condoriri. Les spécialistes boliviens ne cherchent pas seulement à ce que les gens prennent conscience de ce qui est en train de se passer ; ils veulent que tous, citoyens et autorités, agissent rapidement.

[Les scientifiques] Ramírez, Arana et Román expliquent que ce qui se passe en Bolivie se répète au Pérou, en Équateur, en Colombie, en Argentine et dans tous les pays qui possèdent ces trésors d’eau douce. Une ressource qui est déjà peu abondante et qui disparaît à une vitesse plus rapide que ce qu’on pouvait imaginer il y a peu de temps encore.

L’heure d’agir
Tous [les scientifiques] s’accordent à dire que nous ne pouvons pas inverser le sens du changement climatique mais ils affirment que nous pouvons travailler pour nous adapter. Pour cela, il faut de l’éducation et pas seulement des restrictions d’usage de l’eau par des coupures sporadiques ou des cadenas, et il faut des travaux d’infrastructure rapides, comme des nouveaux barrages qui puissent capter au maximum les eaux de dégel, les eaux souterraines et les pluies.

Jusqu’à maintenant, les changements qui affectent notre planète semblent être plus rapides que les actes des hommes politiques et de ceux qui doivent mettre en application l’adaptation. Ces travaux requièrent beaucoup d’argent et de détermination pour une mise en pratique immédiate. Dans le cas contraire les effets seront encore plus durs qu’on le croit.

Les scientifiques, les leaders d’opinion, les nouveaux dirigeants d’un monde en changement profond et rapide, ont la difficile tâche de mesurer leurs mots pour ceux, peu nombreux, qui passeront de la prise de conscience à l’action. Les hommes de science cherchent à ce que le dramatique ne se transforme pas en apocalyptique, et qu’il n’y ait plus d’excuse pour ne pas modifier notre présent. Leur seul objectif est de laisser une vie meilleure aux prochaines générations. »

Article (en Espagnol) de Andrés Repetto pour Somos Sur
Somos sur est "un espace alternatif d’information bolivien [...] qui réalise une série d’activités éducatives et communicationnelles, en vue de renforcer les processus de changement social qui ont lieu aujourd’hui en Bolivie, pour créer une alternative à des modèles déshumanisants et prédateurs".
Cet article a pour source Observadorglobal.com, "un portail de nouvelles internationales pour le monde hispanophone. Alimenté par une équipe de journalistes argentins qui essaye de capter le lecteur avec une information de qualité, détaillée et inédite."