urraca

Le luxe, j’adore le luxe. Parce qu’une cabane c’est bien, mais plein de cabañas c’est mieux. Et toutes avec vue, s’il vous plaît ! J’aime me coller aux fenêtres, et regarder briller les décorations de noël à la tombée du jour.

Du salon tout d’abord : j’y habite une demeure toute simple, mais au design contemporain. Hasard ? elle est assortie aux chaises ingratables et au meuble à vinyles : cette cachette de fortune que mes maîtres avaient recueillie à Paris et qui en arrivant ici a viré au rouge. Il est vrai qu’avec l’altitude, le bordeaux vous fait vite tourner.
Cette demeure est ma préférée, puisqu’en plus de me permettre un espionnage discret des débats humains sur canapés, sans grand intérêt cependant, puisque n’abordant que rarement le thème du thon en boîte, elle se situe aussi prêt des seules plantes du rez-de-chaussée, auxquelles je peux imposer ma loi, à coup de dents ou de pattes. Lison et Kevin, toujours aussi fourbes, ont réitérer l’affront de loger les plantes comestibles aux derniers étages de l’échelle....

Dans l’angle opposé de l’appartement, on m’a dit que la chambre du fond était celle de Marie. Je l’attends.... Même si ça n’a pas marché entre nous, et que tous pressentaient que nous n’étions pas faits l’un pour l’autre, je garde une certaine affection pour elle : les fromages boliviens n’ont pas de croûte à me regalar pour me régaler, et ils ne rendent pas hommage à mon espèce.
Ce chalet est le meilleur. Regard en coin sur la circulation, que les paceños savent rendre si vibrante.

Ici aussi nous avons une voisine qui résiste à mes charmes. Peut-être parce que je me considère comme le propriétaire exclusif du canapé une place, où elle a eu le malheur un jour de s’asseoir avec une veste noire....
Pourtant, je vais régulièrement lui miauler de la cumbia devant sa porte, depuis que j’ai remarqué une étrange corrélation entre les passages de Caroline à la maison et d’une chanson en la mar à l’ordinateur.
Dans mes quarts d’heure sportifs, je monte et descends les escaliers à fond les coussinets, sans me soucier des étages, et quand je suis fatigué, perdu, j’appelle Lison qui s’adonne plus volontiers au jardinage.
Maintenant que j’ai repéré qu’au dixième il y avait des odeurs connues, j’ai compris que c’est chez elle que mes maîtres vont quand ils quittent l’appartement en chaussons. Alors j’essaye de me faire inviter moi-aussi.

Aspirateur, réparateur de store ou bébés du voisinage : on cherche à me maintenir dans la terreur la plus totale. Alors, il me faut des refuges....

Dans le bureau de Lison, mes appartements me rappellent ma vie d’avant et les contributions de mes anciennes nounous et de mes divers fans me font chaud au cœur. C’est la bicoque que j’affectionne le plus.
Mais autour de la navidad, la méchante avait décidé de pâtisser(-à-sel) dans son atelier : ce qu’elle appelait « jeu d’échecs » en était un pour moi aussi, puisqu’elle s’obstinait à me fermer l’accès à ces petits-fours, qu’elle a fini par peindre pour m’en éloigner définitivement. Pourtant, je me serais bien fait une barquette de frites....

urraca = pie (ou « collègue de Kevin »)