journée sans voiture

Le premier dimanche de septembre, pas de voiture dans La Paz. Parce qu’il y en a marre de la pollution, qui fait saigner nos nez et fondre nos glaciers.

Le Chacaltaya, qui faisait la fierté des paceños avec sa piste de ski la plus haute du monde, a disparu en mai 2009, alors que les scientifiques pensaient que ça n’arriverait pas avant 2015. Avec lui, c’est 30 % de l’eau utilisée à La Paz qui s’est évaporée.
D’autres glaciers sont menacés, alors que les habitants de la capitale dépendent à 90 % de l’eau potable qu’ils fabriquent. Il faut dire aussi que 300 litres sont nécessaires pour produire 1 kg de papas !
La fuite des glaciers crée de grosses pertes en revenus du tourisme. Et dans les 10 ans à venir, on estime que 80 % des ressources électriques de La Paz pourraient disparaître, avec l’assèchement des 10 usines hydroélectriques qui fournissent la ville.
Sans parler des autres changements climatiques et de cette pluie, qui nous casse les pieds et les plans depuis notre arrivée, alors que jamais une goutte ne tombe à cette période normalement.

Alors depuis 2011 la ley “Día Nacional del Peatón y del Ciclista en Defensa de la Madre Tierra” (Jour national du piéton et du cycliste pour la défense de la terre mère) interdit une fois par an les voitures dans tout le pays ; à La Paz de 9h à 18h.

Et ça nous fait bizarre, parce que notre ville, d’habitude, c’est plutôt concerts d’alarmes et de klaxons, sens de circulation sans cesse modifiés, trous dans les chaussées et trottoirs, et tas de bitume associés, chauffeurs de taxi qui prennent les rond-points à l’envers, sur fond de chansons latinos reprises en Allemand....

Et un arbre, grignotant une rue qui nous mène à l’ambassade. Comme en Islande, il y en a si peu qu’il faut une autorisation municipale pour sortir sa tronçonneuse.

Les premières expériences de journées sans voiture remontent à 1956 et la Crise de Suez. La première manifestation officielle eut lieu en juin 1996 à Reykjavík. Dur de se séparer de son gros 4X4 d’amour pourtant !
En France, c’est La Rochelle qui fut la première à lancer l’événement, en 1997. Initialement fixées au 22 septembre au niveau européen, les journées sans voiture font désormais partie d’une initiative plus large, appelée « Semaine européenne de la mobilité ». Et de plus en plus de pays outre-union s’y associent.
Mais le Président bolivien a décidé de couper l’herbe sous le pied de tous ces gringos, en programmant sa journée début septembre.

Alors en attendant la fin de l’électricité à La Paz, on s’habitue avec les téléphones et internet qui nous lâchent déjà. Journée sans voiture.... et sans réseaux. Il faut toujours dépendre de plusieurs opérateurs dans une même famille : bien anticipé ! Mais contre les coupures électriques quand on est sous la douche, on ne peut rien. Vivement qu’il n’y ait plus d’eau !