sécheresse et coca

Con todo respeto (Avec tout le respect que je vous dois) est un collectif bolivien qui aborde "des thématiques conjoncturelles, ainsi que des sujets apparemment sans importance que la quotidienneté de la vie urbaine a rendus insignifiants".

Deforestación - Monocultivos de coca y agroindustria - Mineria - Falta de políticas de prevención - Falta de transparencia en el manejo y uso de agua - ley de protección del agua aún no legalizada : déforestation - monoculture de coca et agroindustrie - extraction minière - manque de politique de prévention - manque de transparence dans la gestion et l’usage de l’eau - loi de protection de l’eau toujours pas promulguée.

« La sécheresse à La Paz ?
Bien que la Bolivie soit l’un des pays avec le plus faible niveau de développement humain en Amérique du Sud, les émissions de gaz à effet de serre par personne sont comparables à celles des pays européens : 93 millions de tonnes par an.

Il ne faut pas tout attribuer au réchauffement climatique
La cause de ce déséquilibre est la déforestation, ou "changement dans l’usage de la terre" [comme le disent les autorités], qui combine expansion des terres agricoles, importance des combustibles fossiles et bas niveau de contrôle environnemental.

Comment la science explique que nous ayons de l’eau à La Paz et El Alto ?
Le phénomène principal d’approvisionnement d’eau, qui remplit nos barrages, est la pluie orographique [des ruptures de relief et pentes artificielles], produite par l’avancée d’une colonne d’air humide née dans des bois tropicaux des Yungas, qui se heurte à la Cordillère royale. Dans son avancée l’air se refroidit jusqu’à atteindre le point de saturation de la vapeur d’eau, et une humidité relative de 100%, qui provoquent la pluie. Dans les régions plus hautes, elle tombe sous forme de neige, qui s’accumule sur les sommets. Quand l’été approche, cette neige fond et donne naissance aux torrents et ruisseaux qui contribuent ainsi à l’approvisionnement des réserves d’eau de la ville.

Que se passe-t-il dans les Yungas pour créer cette sécheresse ?
Les enquêteurs de l’Université de Leeds [Royaume-Uni], ont analysé la trajectoire des masses d’air de différentes parties de la forêt, en utilisant des données satellitaires de la Nasa sur la végétation et les précipitations, et un modèle pour prédire la circulation du vent. Et ils concluent que plus la végétation au-dessus de laquelle l’air voyage est dense, plus la quantité de pluie et d’humidité produites est importante.
La végétation modifie les précipitations par intermédiation d’humidité, d’énergie et de flux de gaz, entre la surface terrestre et l’atmosphère. Quand la forêt est remplacée par des pâturages ou des cultures, elle diminue fortement l’évapotranspiration et donc l’humidité dans l’atmosphère. Ce qui cause à son tour une réduction des précipitations.
Les sols forestiers absorbent 4 fois plus d’eau de pluie que les sols couverts par des pâturages, et 18 fois plus que ceux destinés à la coca. Alors quand les sols sont utilisés pour la production de coca, ne croyez-vous pas que nous réduisons d’une manière alarmante la quantité d’humidité nécessaire pour que les précipitations arrivent dans des volumes normaux ?
Une étude de la Fondation Tierra [Terre] montre que dans les Yungas plus de 80% de la terre cultivée se destine à la coca. Une autre étude remarque que les champs de coca doublent alors que les champs de café sont en diminution, comme la culture des fruitiers et les autres : walusa [tubercule local], yucca [manioc], arachide, courges et légumes. L’impact de la croissance des cultures de coca est tel, qu’il suffit de regarder sur Google earth les Yungas pour se rendre compte de la marque du désastre environnemental. Cette production n’est pas contrôlée d’une manière responsable et a créé une habitude de monoculture, qui est une belle opportunité de marché pour les fruits et légumes péruviens et chiliens.

Les Cocaleros [producteurs de coca] respectent-ils au moins les aires protégées ?
NON, cette forme de culture ne respecte pas la pachamama [la terre-mère]. Des hectares de forêt dans les parcs nationaux Amboró, Carrasco et Tipnis ont été remplacés par des champs de coca, dénonce la Fundación amigos de la naturaleza [Fondation des amis de la nature]. Dans les dix dernières années, le Parc national Carrasco a perdu 12 179 hectares ; le Territorio Indígena Parque Nacional Isiboro Sécure [Territoire indigène Parc national Isiboro Sécure (Tipnis)] a perdu 12 118 hectares ; le Parc national Amboró a perdu 10 004 hectares. Au total, dans les dix parques nacionales [parcs nationaux] et les reservas de vida silvestre [réserves de vie sauvage] 71 000 hectares ont été déforestés, dont 20 000 sur la période 2000-2005 et 50 000 sur 2005-2010.

De plus, la Bolivie est l’un des pays avec la plus grande déforestation
La déforestation massive de l’Amazonie est estimée entre 350 000 hectares et 400 000 hectares par an ; en dix ans nous avons perdu 1,8 millions d’hectares de forêt.
Selon l’étude Observations of increased tropical rainfall preceded by air passage over forests [Observations d’augmentation des averses tropicales précédées d’un passage aérien au-dessus de la forêt], publiée dans la revue Nature, l’impact en Bolivie (dans les régions de vallées, de montagne et de hauts-plateaux) sera de 10% à 20% de précipitations en moins pendant la saison sèche au cours des prochaines décennies. Pour rappel, l’Amazonie avait connu une sécheresse en 2005 et celle de 2010 a été tout de suite plus sévère et a affecté une plus grande zone géographique, et le lac Poopó a immédiatement été asséché. Qu’est-ce que nous attendons ? Ceux qui peuvent changer le climat c’est nous, pas la Chine ou les États-Unis.

NOUS pouvons arrêter ce phénomène
Maintenir les forêts tropicales est la meilleure défense pour éviter les sécheresses, par l’incitation à l’abandon de la coca au profit d’autres cultures plus compatibles avec l’environnement, la pression sur les autorités pour arrêter la déforestation massive et interdire les cultures sur brûlis, l’utilisation de technologies écologiques, le recyclage intelligent, l’investissement dans des projets de remédiation environnementale, l’investissement dans des technologies de production intensive ayant très peu d’impact environnemental, le développement des déplacements en vélo et à pied, le recyclage des déchets et la pression sur les autorités pour l’utilisation de sources d’énergie renouvelables qui n’impactent pas l’environnement (énergies solaire et éolienne, puisque la Bolivie bénéficie d’une radiation solaire incomparable et de grandes zones de vents forts). Voici quelques conseils pour ne pas détruire notre écosystème. »