au bord de La Paz

El Alto est relié à La Paz par plusieurs routes aux lacets enivrants, par l’unique autoroute de Bolivie à l’état étroitement lié aux conditions climatiques, et par le téléphérique qui en effraie plus d’un.

La frontière entre les deux villes est claire : tant qu’on est sur le plat, c’est El Alto, et quand les rues commencent à descendre, que les maisons sont accrochées à la pente, c’est La Paz.

La transition culturelle, elle, est moins abrupte. Dans le haut des quartiers paceños, on voit déjà des immeubles psychédéliques, des « cholets », mais aussi des amoncellements de matériaux-de-construction ou de déchets.

Et au milieu de cet horizon parfois austère, où des mannequins pendus à des lampadaires rappellent le sort réservé aux voleurs par les voisins, on voit passer de temps en temps des voitures de luxe....

À El Alto, on fait de la drogue, en sous-sol, dans des labos de fortunes.

La consommation d’une partie de la production directement dans le quartier, par des adultes mais souvent aussi par des enfants, engendre maltraitance, abandons, prostitution et autres violences, qui viennent s’ajouter aux tristes chiffres boliviens des décès sous les coups d’un proche alcoolisé. Les nouvelles que l’on reçoit d’El Alto dans la vallée sont rarement aussi roses que les briques de ses maisons.

Mais El Alto, c’est aussi une culture indigène plutôt préservée. Depuis 2009, « l’État plurinational de Bolivie », compte 36 langues officielles en plus de l’Espagnol. La population amérindienne est majoritaire : 60 % des 10 millions d’habitants, alors que 15 % de la population est d’ascendance européenne et 25% métisse. Les Quechuas (30 %) et les Aymaras (25 %), sont les deux peuples dont les langues sont encore largement parlées, en Bolivie et dans les régions étrangères proches de nos frontières. À El Alto, ce sont les Aymaras qui font leur loi, et leur marché. Malgré les invasions économiques chinoises, la feria reste leur territoire, comme les boutiques permanentes. Et l’ambiance y est donc déjà différente de celle des hauts marchés de La Paz.

Et puis, on monte pour les vues magnifiques que El Alto offre sur sa voisine. À 4 200 m, elle est la ville de plus de cent-mille habitants la plus haute du monde. Du vent toujours. 4°C de moins qu’au centre de La Paz (il fait encore 4°C de plus en zone sud). Un soleil plus fort et le souffle plus court. À notre altitude, à partir de 300m d’écart on ressent l’effort de son corps pour s’adapter. Mais ça vaut le coup d’œil !