dans la tête d’un Quechua

José Javier Rodas, dans son blog Crónicas de la Tierra sin Mal (Chronique d’une terre sans mal) nous parle de la langue quechua, "único idioma centrado en el otro" : unique langue centrée sur autrui.

"L’anthropologue américain Bruce Mannheim a étudié pendant des années la langue quechua et est arrivé à la conclusion qu’elle est centrée sur l’autre, quand l’Espagnol castillan a au contraire un aspect égocentrique.
Selon Mannheim, si on demande à une personne parlant Quechua et une autre parlant Espagnol de décrire deux objets proches, leurs visions seront complètement différentes.
Ainsi, si on pose sur une table un téléphone portable et au-dessus de lui, mais pas sur lui, un stylo, la personne qui parle Espagnol dira que le stylo est sur le téléphone ("sobre"), alors que celle qui parle Quechua expliquera qu’à la tête du téléphone il y a un objet ("en la cabecera").

D’autres exemples du caractère affectif de la langue Quechua :
Le "hola" (salut) catégorique de l’Espagnol n’existe pas en Quechua ; "Allillanchu" (tu vas bien ?) dénote plus d’intérêt pour la situation de l’autre, et reflète la nature affective de la langue Quechua et ainsi celle de ces habitants des Andes.
De même pour les adieux :
"Adiós" ou "chau" (adieu ou salut) n’existent pas en Quechua ; "tinkunanchiskama" (jusqu’à ce que nous nous revoyons) montre le désir de se retrouver à l’avenir avec l’autre personne.
Il faut ajouter que le Quechua est une langue basée sur la philosophie andine millénaire ayni (d’aide mutuelle, de coopération). Pour comprendre cette philosophie et pour connaître la culture andine, il faut apprendre le Quechua, qui est incontestablement une langue unique et très douce.

Bruce Mannheim est anthropologue, mais aussi linguiste et il est l’un des seuls États-uniens à dominer à la perfection le Quechua ; de plus il parle Espagnol, Anglais et Français."

Bruce Mannheim a écrit un livre (en Anglais) pour expliquer cette logique quechua :
The Language of the Inka since the European Invasion

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