échange $

Il faut partir en Argentine avec de l’argent liquide, et surtout des dollars.
L’ARS, le peso argentin, n’a pas la cote.
Alors qu’au taux officiel vous recevrez un peu plus de 8,5 pesos pour un dollar, sur le marché parallèle le « dollar blue » vous rapporte un peu plus de 12,5 pesos (à la fin du mois de mars 2015 pour exemple, mais ça varie très vite).

Et il est difficile de retirer du liquide dans les banques avec une carte étrangère.
Alors partout, on peut vous renseigner sur les bidouilleurs du coin. Dans une petite ville frontière, vous demandez où trouver des pesos et on vous oriente directement vers « papy », qui ne sera en rien offusqué que vous le dérangiez pendant le goûter en famille....
Mais les hôtels et beaucoup de restaurants acceptent les dollars. Et en dehors des tienditas et des supermarchés, les boutiques demandent souvent aux Argentins à être payées en billets verts. Par effet boule-de-neige, tout le monde cherche à en obtenir. Alors, ne changez jamais plus de pesos que vous n’en avez besoin, car dans le sens inverse bien sûr il est difficile de récupérer des dollars.

Dans une tentative d’inspirer la confiance dans le peso et de réduire l’inflation, les gouvernements successifs ont presque complètement interdit aux Argentins l’acquisition de dollars par le biais des systèmes officiels. Cette mesure a été assouplie en 2011, mais en théorie seulement. Et le marché parallèle qui devait en pâtir, n’évoluera certainement pas tant que l’économie argentine sera en crise.
Elle va mieux, par rapport à 1999-2002, quand la dette argentine affichait un défaut de paiement de 95 milliards de dollars et quand le peso avait dévissé de 50% après l’abandon du taux de change officiel d’un peso pour un dollar, qui avait été établi pour stabiliser l’économie marquée par une inflation presque permanente depuis la seconde guerre mondiale.
La panique bancaire avait été accompagnée de violentes émeutes à Buenos Aires.

Les Argentins peuvent désormais, avec une autorisation spéciale, transformer en dollars leurs économies déposées sur un compte bancaire et les retirer en liquide, moyennant une retenue de 20%. Mais ils n’ont pas le droit d’arriver à la banque avec des pesos pour les changer en billets verts. Ces mesures sont destinées à lutter contre le blanchiment, la fuite des capitaux et à protéger les réserves internationales de dollars.
Mais pour acheter des biens de valeur, comme un bien immobilier par exemple, les dollars sont indispensables. Et il faudrait plusieurs années pour obtenir la somme nécessaire sur le marché officiel. Alors les Argentins continuent à s’approvisionner sur le marché parallèle, et les plus pessimistes prédisent une nouvelle banqueroute si le rapport au dollar ne change pas. La police fait des descentes dans les bureaux de change clandestins de Buenos Aires, mais à la campagne aucun souci pour les banques-à-la-maison improvisées.

Au quotidien, les Argentins sont surtout préoccupés par l’inflation qui ne cesse de grimper. Le clientélisme et la corruption ne semblent pas diminuer significativement. Et depuis fin 2003, des pénuries d’énergie viennent un peu plus gâcher la vie.
Jusqu’en 2008, le pays restait globalement excédentaire dans sa production énergétique, mais il est maintenant en déficit dans ce domaine aussi. Et comme souvent en Amérique du sud, la petite croissance argentine semble trop dépendante des matières premières.

Depuis le défaut de paiement de la dette en 2001, l’Argentine est privée de l’accès sur les marchés financiers et ne reçoit pas d’aide du FMI. Le pays doit donc vivre avec les dollars qu’il récupère des exportations. Pour enrayer les sorties de capitaux les gouvernements multiplient les freins aux importations, et ils taxent fortement les exportations pour récupérer des billets verts. Mais cette stratégie défensive freine l’investissement ; l’offre ne suit donc plus la demande, ce qui engendre de l’inflation. Et l’inflation, de 25 à 30 % par an, alimente encore la défiance dans le peso dont le cours officiel paraît trop élevé.
Durant cette crise, la dette publique a déjà augmenté de plus de 140 milliards de dollars et le PIB a reculé de plus de 60% certaines années.

Alors, quand Florian Philippot prend comme exemple l’économie argentine pour justifier son désir de protectionnisme, il n’y a pas que les dauphins austraux qui se marrent !