gaviota

On m’a envoyé au pays des mouettes.
Hay gato encerrado, j’ai pensé. Déjà, quand j’ai vu grandir une pile de cartons dans l’entrée de l’appartement, les semaines précédentes, je me suis douté de quelque chose. J’ai bien essayé de me laisser enfermer dans plusieurs d’entre-eux, mais Lison doutait visiblement de ma capacité à survivre deux mois dans un conteneur, et sur un bateau.
Alors, pour m’éviter le remue-ménage des derniers arbitrages mobiliers, des déménageurs maladroits et des camions qui tombent en panne, on m’a envoyé en vacances.
Múerense los gatos, regocíjanse los ratones
À Saint-Gilles-Croix-de-Vie, j’ai profité de la gentillesse de mes hôtes. Et des excursions dans le quartier au coucher du soleil. Surtout après l’arrivée dans les premiers jours d’une toute nouvelle cage, estampillée skykennel. Je préférais le rose flamant de l’ancienne à ce gris…. mouette.
Entre curiosité et crainte, j’ai découvert durant mon séjour cet oiseau au vol et au cri bien différents du pigeon parisien. Et j’ai vu des bateaux, en quittant la gare. Mais je n’ai toujours pas essayé.
En revanche, voiture, train, retrain, métro, bus, voiture.... et l’avion !
No hay que buscarle cinco patas al gato
Finalement, ce n’est pas si compliqué de voyager. Changement de boîte, de jour, à Bogotá, pour satisfaire la seconde compagnie aérienne. Et nouvel envol, de nuit, endormi sur les genoux de mes maîtres. Pour le Paris-Bogotá, on m’avait mis dans la bodega, comme ils disent. Et il n’y avait même pas quelques bouteilles pour me rappeler l’ambiance de la maison.
Midi à 14h ? Non, midi à 6h ! D’ailleurs, tout est décalé ici : c’est l’hiver et je retrouve la douceur des siestes dans les couvertures. Et l’indispensable bouillotte, dénichée malgré sa rareté.
De noche todos los gatos son pardos
Nous sommes donc arrivés à La Paz au beau milieu de la nuit, comme tous les givrés qui se posent à l’aéroport El Alto. Mais pour moi, pas de décalage horaire. Grâce aux calmants qui ont écourté mon voyage, et à mon rythme félin. Ici, la nuit dure de 18h à 7h environ. Et il paraît que ça sera comme ça toute l’année. Et qu’il fera frais, toujours.
Quand le soleil tape aux fenêtres par lesquelles j’espionne les voisins, on oublie la fraîcheur de l’appartement. Mais pour l’instant, même en journée les pulls islandais ne sont pas de trop.
A gatas c’est plus facile.
Pas de problème avec l’altitude, et presque pas avec les repas, qui ont parfois fait tourner la tête de mes maîtres. Trop de bactéries ou pas assez d’oxygène.
Il y a des boutiques pour chats et surtout pour chiens un peu partout, et au marché central on trouve de nombreuses variétés de croquettes. J’ai essayé le maïs. A quand le quinoa ?
Dans la petite cour sur laquelle donne l’appartement, l’herbe a le même goût qu’en France. Et dans le ciel, on voit passer les mêmes pigeons. Mais je n’ai pas encore vu de mouette.
Je ne désespère pas. On m’a dit que non loin d’ici, des chats apprennent aux petites mouettes à voler.

Hay gato encerrado (Il y a un chat enfermé) = Il y a anguille sous roche
Múerense los gatos, regocíjanse los ratones (Quand les chats meurent, les souris se réjouissent) = Quand le chat n’est pas là, les souris dansent
No hay que buscarle cinco patas al gato (Il ne faut pas chercher cinq pattes à un chat) = Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures
De noche todos los gatos son pardos (La nuit tous les chats sont bruns) = La nuit tous les chats sont gris
a gatas = à quatre pattes

À lire : Historia de una gaviota y del gato que le enseño a volar (Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit a voler) de Luis Sepúlveda.