tango

Lorena González et Sebastián Acosta viennent de remporter la coupe du monde, sans ballon ! Pas de crampons sur le gazon, mais des talons sur de l’accordéon. A Buenos Aires, depuis 2003, par Amargura on se jette des Golondrinas à la tête. Caminito d’Olvido, de Soledad et de Silencio : le tango !
Le championnat n’est que la partie émergée de deux semaines de festival, de cours de danse et de musique, où peuvent se consoler les milliers de refoulés aux tournois de présélection qui ont lieu partout dans le monde. À Buenos Aires, les cinq meilleurs couples de chaque ville s’affrontent et seuls 20 d’entre eux accèdent à la finale, pour deux couples gagnants : tango de salon (tango de pista)et tango de scène (tango escenario).Cette dernière discipline, libre, plus acrobatique, est moins réglementée que le tango roi, de salon, pour lequel les partenaires doivent rester bien collés.
Et cette année, sur 500 couples de danseurs, il a fallu que la victoire tombe sur une Uruguayenne et un Argentin. Ça ne va pas apaiser la bataille....
Le tango est né dans les maisons closes de Buenos Aires ou de Rosario en Argentine. À moins que ça ne soit à Montevideo en Uruguay. Inspiré des rythmes africains débarqués avec les esclaves, et des danses de salon européennes de leurs tortionnaires. On ne sait plus qui remercier.
Néstor Portocarrero, le compositeur bolivien, et son Tango illimani ?
Ou peut-être Carlos Gardel, le plus célèbre chanteur de tango. Un petit Toulousain. À moins qu’il ne soit né en Uruguay ?
Est-il Charles Romuald Gardes, né dans la ville rose et parti à 2 ans à Buenos Aires avec sa mère, dans un quartier d’immigration, de maisons closes, de bistrots et de théâtres ? En Argentine, à ses débuts à l’âge de 12 ans, il est surnommé "el francesito" : le petit français. Il aurait alors choisi la nationalité uruguayenne à l’âge adulte pour éviter la mobilisation dans l’armée française lors de ses passages artistiques, dont il profite pour rendre visite à sa famille toulousaine et tarnaise.
Les Uruguayens optent eux pour une thèse de substitution d’identité, orchestrée par le chanteur pour permettre à sa mère adoptive, française, de toucher son héritage. Né d’une relation adultérine scandaleuse dans une famille d’aristocrates uruguayens, il aurait été confié à la jeune femme. Et Charles, son fils français, qu’est-il alors devenu ?
La seule chose dont on soit sûr, c’est que l’illustre C. a bien été élevé par cette maman.
Et finalement, le chanteur a fini sa vie avec la nationalité argentine.... que Charles Romuald Gardes n’a jamais demandé : les démarches ont été faites par Carlos Gardel, qui affirme être né dans le département Tacuarembó, en Uruguay, en décembre 1887, et non en décembre 1890 comme le dit l’acte de naissance de l’Hôpital de la Grave.
Quand on lui posait la question, lui disait simplement être né en Argentine, à l’âge de 2 ans et demi.
Et puis d’ailleurs, pourquoi se bat-on : les chansons de Gardel ne se dansent pas !
Mais l’Unesco a choisi son camp : quand elle a déclaré la voix du chanteur "Patrimoine de l’Humanité", elle l’a présenté comme un argentin né en France. Et depuis 2009, le tango lui-même fait partie du "Patrimoine culturel immatériel". Cent ans après sa dispersion dans le monde entier, l’art et son plus célèbre représentant appartiennent donc à tous.

Mais surtout à nous !

Festival de tango de Toulouse/ Festival de tango de Tarbes/ Festival de tango de Montréal

Chansons de Carlos Gardel : Amargura (amertume), Golondrinas (hirondelles), Caminito (petit chemin), Olvido (oubli), Soledad (solitude), Silencio (silence).